15 mars 2010

Klixte joue l'enjeu

Malgré la fichue grisaille qui donnait à mon teint un petit air blafard, il flottait sur ce week-end comme un irrépressible parfum de printemps.
Ne me demandez ce qui me permet de l'affirmer, je serais bien incapable de le décrire précisément, mais l'éclosion s'annonçait, fourmillante et pétillante. Les beaux jours s'accompagnent toujours de ce frémissement particulier et d'une absolue certitude : il était temps de renouveler ma garde robe.

C'est donc plein d'entrain que j'ai gagné le centre-ville après une plongée exhaustive dans la crème des magazines de mode afin de ne plus rien ignorer des items qui me permettraient, cette saison encore, de briller par mon élégance et cette classe innée qui constitue le plus bel héritage que notre mère nous aie légué à moi et ma sœur (quand cette dernière n'oublie pas de s'épiler une aisselle cependant).

A mon entrée dans la boutique, les deux vendeurs qui jusqu'ici semblaient absorbé dans leur discussion levèrent vers moi un regard interrogateur. Scrutateur devrais-je dire en fait.
Je répondis à leurs salutations d'un signe de tête et entamai un tour d'horizon des cintres avec ma désinvolture naturelle.
Ils avaient "Le" modèle et "La" couleur. J'étais aux anges et j'imaginais déjà l'effet produit en soirée.
Comme je me décidai à me lancer dans un essayage, je m'aperçus qu'un de deux garçons se trouvait à mes côtés et semblait me jauger avec une assurance que je trouvai un rien désagréable. J'aime que le personnel conserve une déférence de bon aloi. Il présentait néanmoins très bien avec son teint bistre et ses cheveux sombres et disciplinés.

Je jetai mon dévolu sur trois pièces et me laissai guider pour un essayage.
Le premier vêtement était seyant à souhait et j'acceptai de bonne grâce les compliments de l'employé qui jouait son rôle à la perfection jusqu'au moment où, alors que nous envisagions une légère pince à la taille, sa main dévia de quelques centimètres pour effleurer mon entrejambe.
Je ne tressaillis même pas, même si je restai un peu étonné par cette maladresse subite. L'idée m'effleura que je plaisais peut être à ce garçon (on sait bien comment sont les employés de ces boutiques de mode…) que la nervosité gagnait quelque peu à rester ainsi en ma présence. J'en souris.

Le deuxième pantalon m'allait tout aussi bien et personne ne trouva rien à redire à la façon dont il tombait sur moi.

-"Si vous permettez." S'enquit mon assistant alors que j'enfilais mon troisième choix dans l'intimité de ma cabine. "Le bouton ferme difficilement sur ce modèle. Il lui faut parfois un peu d'aide."
Il glissa ses mains vers ma braguette et entrepris de forcer légèrement la boutonnière. Je ne sais pas s'il était particulièrement incompétent, mais chacune de ses tentatives maladroites diminuait la probabilité que ce vêtement moulant puisse être serré un jour.
-"Je suis désolé, Monsieur." Me souffla le jeune homme d'un air aussi contrit que mon cousin Estèphe quand il réclame une fessée à sa copine.
-"Ce n'est pas grave." Soupirai-je alors que l'élastique de mon boxer devenait pour moi une véritable torture.

Le vendeur se laissa glisser à genoux pour remédier à la situation.
Vous êtes majeurs et vaccinés (du moins je l'espère, sinon du balai, sales morveux, ma sœur ne montre plus ses seins au premier venu), je n'ai pas besoin d'entrer dans le détails des étapes suivantes.

-"Monsieur prendra les trois ?" S'enquit-il en se redressant après quelques minutes seulement d'une virtuosité qui me laissait le souffle court.
J'acquiesçai vaguement en me rajustant.
Un coup d'œil au miroir avant de me rendre à la caisse. A part quelques rougeurs aux pommettes, j'étais tel que j'étais arrivé tout à l'heure, impeccable.
Pendant que mon vendeur préparait un reçu Visa en souriant radieusement, son acolyte arborait une mine franchement maussade qui n'était franchement pas des plus commerciales

Je saluai et m'apprêtai à sortir quand le boudeur déclara sur un ton maniéré un rien trop haut pour que je puisse l'ignorer à son collègue "OK, ça fait 8 à 2, mais c'est pas du jeu. La prochaine fois, c'est moi qui m'occupe des frocs et toi des chaussures."

Et en plus, le troisième pantalon me fait la fesse un peu basse et je déteste ça.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Calixte tu es une pute.
Je suppose que c'est le fait d'être hébergé par ta soeur qui te fait cet effet.

Framboise a dit…

N'empêche, il doit avoir les lèvres gercées à la fin de la journée le pauvre garçon.

Latal : Je vois franchement pas le rapport entre la teneur des billets de Calixte et l'endroit où il les poste (D'ailleurs il est pas pute, il est plutôt bon client, trois frocs pour une pipe, il s'est fait eu.)