12 septembre 2009

La petite Framboise et son hymen.

Oui, bon, je sais, vous avez tous fait une grimace moqueuse en lisant le titre. Vous vous êtes dit que mon hymen s'est fait la malle depuis longtemps. Ce qui est vrai d'ailleurs, et ce n'était pas à cause d'un accident de vélo ou d'une pratique trop intensive de l'équitation.

Et ça fait tellement longtemps que j'avais même oublié que j'avais eu une première fois.

On s'est chargé de me le rappeler il y a une semaine.

Je vais déjà vous raconter la première fois, sinon ça va encore m'échapper.

Éteignez les lumières, sortez vos lampes de poches, vos cheveux gras et enfilez vos chamallows sur vos baguettes, je vous parle d'un temps ou je lisais OK et Miss avec mes copines, qu'on fantasmait trop à mort sur les pectoraux de Philip des 2be3 et qu'on gloussait en lisant les rubriques "La Méga Top Honte" dans je sais plus quel magasine en mangeant des Mister Freeze (je vous parle d'un temps que les plus de 30 ans et moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre. ) 

Donc voilà, j'avais presque 15 ans, c'était ma dernière semaine de collège, il faisait très chaud et on s'ennuyait dans la cour. Cassandre comptait ses points noirs avec un petit miroir de poche. Antigone chougnait parce que Léonce voulait pas aller lui rouler des pelles derrière le gymnase et Alceste était trop fier de son zippo. Moi je me demandais si en rentrant assez le ventre je pourrais rentrer dans cette super robe que Tori Spelling portait sur la couverture du magazine que je lisais quand Maixent est arrivé.

Maixent c'était le type trop beau à qui aucune fille n'avait jamais pu donner la main. Il ressemblait trop à Sébastien dans Hélène et les Garçons mais en plus jeune.

Quand il me parlait à moi c'était juste parce qu'il avait oublié de faire un exercice d'anglais et qu'il devait copier sur mon cahier. Sinon il restait avec les autres types trop beaux mais moins mystérieux toujours dans le même coin près de la loge du concierge. Nous on se mettait en face et on ricanait.

Donc Maixent est arrivé, il a posé la main sur mon magazine et il s'est approché tout près de mon visage. J'ai un peu paniqué parce que j'avais un bouton sur la joue gauche et j'étais pas sûre d'avoir mis assez de fond de teint.
- Framboise, faut qu'on parle. Il a dit ça à voix basse mais très fort. Assez pour que Cassandre en oublie son sébum et Antigone son Léonce.
J'ai regardé sa main sur mon magazine, et donc, sur mes genoux (il me touchaiiiiiiiiiiit)  et je suis remontée vers la figure de Maixent, l'air aussi blasée que possible.
- Tu veux quoi  ?
- Toi.
J'ai viré aussi rose que mon prénom et jeté un regard furieux à Antigone qui gloussait d'excitation en griffant trop pas discrètement le bras de Cassandre qui bavait d'angoisse. Maixent les a superbement ignoré.
- Viens, je te parle ailleurs. En tout bien tout honneur hein.
Je suis venue.

- Écoute Framboise m'a -t-il dit une fois assis l'un à côté de l'autre sur le tas de tatamis de la remise du gymnase, faut que je te dise un truc.
- Ah.
-Tu vois, je déménage demain. Pour toujours, je ne reviendrais plus jamais ici. Et j'ai jamais osé te dire que je t'aimais bien en fait.
- Ah, c'est gentil. (ne crie pas ne crie pas ne crie paaaaaas)
- Je peux te demander quelque chose ?
- Genre ? (je sais pas quoi faire je sais pas quoi faire je sais paaaas quoooooii faaaire)
- Un petit cadeau d'adieu.
- Tu veux que je te suce ? (ah si finalement je sais. )
(oui ça je faisais déjà, mais juste les potes de mon frère, c'est tout expliqué là.) - Euh... kkrrrr rueuhheuuu
- Maixent ?
- Nan c'est bon arrête de me taper dans le dos, je.. m'attendais pas à ça c'est tout. Je... t'es plus vierge ?
- Si. Enfin pas de la bouche mais le reste oui.

- Alors euh... On l'fait ?
- Là ?
- J'ai une capote.
- Ok alors.


5 minutes plus tard on ressortait un peu ébouriffés.
J'ai pas osé lui dire que j'avais pas senti grand chose. Je crois qu'il a pas osé me dire que je simulais mal.


Clotaire, Alceste et Agnan l'attendaient à la sortie du gymnase, en retournant m'asseoir avec mes copines j'ai vu Maixent qui leur montrait la capote qu'il avait dans la poche, et les deux autres ont juré et lui ont filé de la thune.
- Alors il t'a dit quoi ? M'a demandé Pénélope.
- On a fait l'amooouuur, j'ai répondu avec un air super heureux et mystérieux.
Cassandre est devenue complètement hystérique et la cloche a sonné. 


La semaine dernière à une fête chez Iphigénie, une copine de collège justement, j'ai revu Maixent. Il était toujours aussi beau et mystérieux. Et toujours la tête de Sébastien d'Hélène et les garçons mais en plus vieux cette fois.
Il m'a dit :
- Framboise.
J'ai dit : 
- Maixent.
- T'as maigri.
- T'as vieilli. Tu viens avec moi dans la chambre d'ami d'Iphigénie ?  On pourrait parler...En tout bien tout honneur, évidemment.

5 minutes plus tard on ressortait un peu ébouriffés.

5 commentaires:

gillesMioni a dit…

Acteurs donc. Mais le langage n'est pas resté sous les vêtements car des habits, ils s'étaient débarrassés. Quoique, c'est à voir.

N'étaient-ils pas simplement débraillés, demi-dénudés, pour un libre accès aux parties des corps les plus sensibles.

On ne perçoit pas de fébrilités, ni de crainte d'être surpris.

Pas d'acmé, un accord de circonstance. Oui, pourquoi pas ?

Membrane contre membrane alors ?

L'ultra mince pellicule de latex lubrifiée, le parement festonnée d'une finesse hyaline. la lancette colorée translucide et le petit écu fleuri.

Très discrète, la membrane elle est dissoute en trois mots sans formalités :

&#171: On le fait. »

Pas de douleur, rien d'une sanglante
initiation, un coït sans façon et promptement exécuté.

L'hymen se délite uniquement par le langage qui fait le vètement symbolique de l'acte sexuel.

Les mots ont tissé une couverture décente.
L'acte lui-même ne se dit pas. Rien.

De l'hymen, pas la moindre allusion de son effacement. Ni la raison, ni les conséquences.

Défloration en cette occurrence n'a pas de sens.

Tant cet hymen n'a eu aucun des égards de la description de son anéantissement, ni d'ailleurs représenté le moindre enjeu comme muraille de vertu.

Aura-t-il laissé au moins le curieux sentiment de son informalité ? Et le silence de sa disparition n'est -il pas un rien qui se prolonge comme un silence musical ?

Il est rare de pouvoir gloser sur cette première fois de la défloration.

Sans risquer pour cette fois la moindre complaisance au voyeurisme ou sans céder à une louche curiosité de l'épieur pauvre et qui a besoin des mots pour cultiver le jardin stérile des imaginations.

Je ne peux m'empêcher d'évoquer Pierre Louÿs. Il validerait sans doute que ce prosaïsme n'est que le premier pas vers des voluptés plus sures.

Framboise a dit…

Mmmh on peut dire ça comme ça. Aussi.

Plus simplement, j'admettrais que c'était pas mémorable et que raconter comment le pauvre garçon a peiné avec son petit chose pour trouver le bon endroit, se le tordant douloureusement au passage quand il manquait la cible, ne m'inspirait pas spécialement.

Et ok il n 'y a pas eu d'acmé mais il n'avait pas non plus d'acné, et à cet âge là, c'est quand même vachement plus important qu'un orgasme !

Framboise a dit…

Ah et la conséquence c'est que j'avais super la classe devant mes copines.

(Il fautdrait toujours que je relise plusieurs fois ce que vous dites mon cher Gilles. )

gillesMioni a dit…

Je suis désolé de vous imposer une discipline pour me lire. Mais vous y êtes pour quelque chose car souvent vos textes donnent à penser.

En particulier celui-ci. En effet, j'ai eu le sentiment d'avoir lu la relation dépassionnée, presque banale d'un dépucelage et non d'une défloration.

Expérience, la première fois de l'acte sexuel, largement universalisé, malgré qu'il s'agisse d'une jeune fille qui raconte « sa » première fois.

Et l'hymen, hors le titre, il ne parait pas jouer quelque rôle que ce soit. Le symbole est proprement déchu une fois dénommé.

Non, il ne sera pas le fétiche d'une érotisation d'un quelconque sacrifice.
Ni le prix décisif d'un don qu'on ne fait, dit-on, qu'une seule fois.

Ni amour, ni plaisir, ni sublime, ni pathos.

On ne sait même pas si l'on assiste, pour les deux personnes d'ailleurs, à une véritable émancipation.

Rien dans cette relation ne porte à l'excitation libidinale. C'est pour le moins paradoxal dans le « Boudoir de Framboise », c'est de l'anti-bovarysme à un tel point de provocation justement parce que rien dans ce récit n'est provocateur !

Ce que j'admire le plus, c'est que fiction ou réalité, cela importe peu. La force proprement littéraire de ce récit, c'est l'adéquation du style et du fond.

On peut vous lire sans risquer sa vertu ! Le comble d'un « discours sur la la défloration. »

Framboise a dit…

Wow, je pense pas à tout ça quand j'écris moi...

"On ne sait même pas si l'on assiste, pour les deux personnes d'ailleurs, à une véritable émancipation."--> évidemment non, on appelle plutôt ça un échange de bons procédés.