06 août 2009

Hair of the Chihuahua

Vendredi de la semaine dernière (enfin celle d'avant, j'ai pas envie de vous raconter le week-end dernier), en revenant d'aller manger une glace avec Griotte, - Petite sortie entre fille qui se déroula étonnamment bien, ça faisait longtemps que Griotte n'avait provoqué aucune catastrophe en public (et je me suis bien tenue aussi, j'avais même mis une petite culotte)- j'ai remarqué que j'avais oublié mon téléphone sur mon lit.

En consultant les appels en absence, un de Gabriel pour m'apprendre que certaines assiettes étaient arrivées (non, je ne raconterai pas) et deux de ... Père.
Pour que Père m'appelle du bureau, voire pour que Père m'appelle tout court, il faut vraiment que quelque chose de grave soit arrivé. Je me suis donc empressée de le rappeler.
- Framboise ! Enfin !
- Oui ? Il y a un problème mon Papounet chéri ?
- Non... Non pas du tout. Je suis à Paris demain, je me demandais si nous pouvions passer notre samedi ensemble. Ça fait tellement longtemps que je ne t'ai pas gâtée.

J'ai accepté, dubitative. Et Père, après quelques minutes d'une discussion légère et étrangement évasive m'a laissé retourner à Griotte (qui suivant les conseils de je ne sais plus qui sur twitter avait décidé de faire bouillir l'intégralité de nos sextoys.
(J'ai tout récupéré à temps, Dieu merci)

J'aime beaucoup Père et la perspective de pouvoir aller faire une virée chez Colette avec lui et son portefeuille me ravissait positivement. Cependant, je sentais bien qu'il y avait anguille sous roche. Père ne quitte généralement la maison le week-end que pour aller faire un golf ou parce qu'il est en voyage d'affaire. Le reste du temps, on le trouve dans son bureau, dans la bibliothèque, ou en compagnie de Mère dans le jardin quand celle-ci se pique de lui faire prendre le soleil.

Je comprenais donc bien que quelque chose clochait, mais quoi ?

L'explication n'est pas venue le samedi, mais le dimanche.
Le samedi s'est passé sans encombre, je l'ai retrouvé vers 11h00 au bas de mon immeuble (je pouvais pas le laisser monter, Griotte venait d'arriver nue avec/sur/dans Gustave et... bref... ) et nous sommes allés au restaurant, puis boire un café, puis voir une exposition, puis faire du shopping, je l'ai forcé à acheter des cravates mettable (les siennes sont généralement très moches).

Et vers 19 heures alors que nous nous promenions tranquillement aux Buttes-Chaumont, je lui demandais s'il comptait faire la route de nuit jusqu'à Epernay, il a détourné le regard pour me répondre qu'il dormait à l'hôtel et il a directement enchaîné en pointant un papillon sur un buisson.
"Oh, regarde comme c'est joli. "
Je suis restée sans voix.

Père peut trouver fantastique la courbe ascendante de ses actions en bourse, s'extasier sur la finesse de bulles de Champagne, se pâmer en remarquant qu'il a amélioré son handicap au golf, mais que Père remarque un papillon et s'en réjouisse, c'était inédit. Et tellement out of character.
" Papounet, tu es sûr que tout va bien ? "
" Mais parfaitement. Viens je t'emmène au restaurant. Et... Tu fais quelque chose de spécial demain ? "
J'avais un peu l'intention de m'essayer au strip-tease devant une paire de copains à l'aide des vêtements qu'il venait de m'offrir, mais la lueur désespérée dans son regard m'a convaincue qu'il fallait que je remettre ma petite sauterie à plus tard.
J'ai dit :
" Non Papounet, je suis libre."
" Alors je reviendrais te chercher demain vers 11h00, et si tu avais prévu de voir Clément, il peut évidemment nous accompagner. Jolie bague au fait, mieux que celle d'Hermance"
J'ai éternué un assez long moment avant de répondre que Clément avait pour ce week-end des obligations familiales auxquelles, et j'en était fort marrie, il ne pouvait se soustraire.
Père a haussé un sourcil devant une telle débauche de syllabes et m'a demandé de choisir le restaurant.

Le lendemain, j'ai mis la jolie robe Lacroix qu'il m'avait offert la veille en me disant : "Avec ces motifs, pour aller à la plage ce sera très bien." et je l'ai retrouvé en me demandant comment j'allais pouvoir occuper une après-midi supplémentaire avec Père. Je l'aime beaucoup mais sa conversation est a mourir d'ennui et il faut toujours que je fasse attention à ne pas parler de sexe ou de Griotte (il aime pas trop Griotte, elle lui coûte cher en avocats)

C'est au restaurant que j'ai eu le fin mot de l'histoire. Il n'a pas décroché un mot et pourtant je babillais à qui mieux mieux, le relançant sur tous ses sujets de prédilections, et ne récoltant que des onomatopées.
"Bon Papounet, qu'est ce qui te tracasse ? La dernière fois que tu es venu passer un week-end avec moi à Paris c'était... euh, jamais. "
" Il faut bien une première fois."
" Père ! "
(La tension était à son paroxysme. Père fixant avec obstination son filet de chevreuil sauce grand veneur, j'aurais été à la place de la pièce de viande, j'aurais fui.)
- C'est ta mère, ma Framboise. Ça devient insupportable.
( "Ça l'était pas avant ?" )
- Quoi donc ?
- Kelly.
- Mais elle est morte.
Père m'a regardé bizarrement.
- Nous n'en savons rien.
("Et meeerdeuuuh..." )
- C'est comme si, j'ai soufflé.
Père m'a jeté un nouveau regard inquisiteur et a haussé les épaules.
- Je suppose que toi et Calixte n'êtes pas étrangers à sa disparition, mais peu importe. Au début, je t'avoue que j'étais presque heureux. Tu n'as pas idée ce que ça fait, chaque dimanche matin, d'ouvrir les yeux et d'avoir la tête fripée de cet animal à quelques centimètres du visage.
("C'est sûr que ça doit changer du lifting de Mère.")
- Pauvre Papounet.
- Merci. Au début j'ai pensé que le chagrin de ta mère s'apaiserait. Au moins qu'elle ferait son deuil après la cérémonie. Mais... Mais ça a commencé le lundi d'après.
- Quoi donc ?
- Au début ce n'était rien, un petit portrait par-çi par là. Un médaillon. Tu savais qu'elle avait déjà coupé une mèche de poils à l'animal pour la faire sertir dans un médaillon ?
( "Nan , sans blague... Je suis sur le cul là...")
- Mère est toujours si prévoyante.
- J'ai commencé à m'inquiéter quand j'ai retrouvé sur ma table de chevet un petit cadre ovale avec une photo de Kelly à un concours. Avec sa petite couronne.
("pffrrrr")
- Mon Dieu.
- Mais...
( "Accouche papounet, mon carpaccio va se réchauffer")
- Mais ?
- Vendredi midi, j'avais un peu de temps, je suis donc rentré manger avec ta mère, et en allant prendre le café dans le salon j'ai vu qu'elle avait changé le cadre au dessus de la cheminée.
(" C'est pas un mal, quelle croûte")
- Cette charmante peinture à l'huile me représentant en costume d'époque en compagnie de Calixte ?
- Oui, à la place, et au même format, c'est désormais une photo de Kelly.
("...")
-...
- Dans un cadre à dorure rococo. Ta mère a fait peindre des assiettes à l'effigie de Kelly et les a faites accrocher dans la cuisine. La cuisinière était ravie, elle m'a dit que si ces horreurs restaient au mur une semaine de plus, elle rendait son tablier.
( Ben non alors, c'est la seule de nos cuisinières exempte de moustache qui n'ai jamais tripoté la bite de Calixte avant de nous faire à manger. Ça va être dur à retrouver une perle pareille.)
- J'imagine.
- Quand je suis partie samedi matin, il y avait au minimum deux portraits de Kelly dans chaque pièce et elle se demandait si elle n'allait pas se mettre à la peinture sur soie pour confectionner elle même des coussins à ses heures perdues, histoire de, je cite : "Montrer à Kelly chérie que même loin d'elle, elle ne l'oubliait pas."
(" Mère qui fait de la peinture sur soie, oh je paierais cher pour voir ça ! ")
- Même dans ma chambre ?
- Pardon ?
- Il y a des portraits de Kelly dans ma chambre ?
- Sur ta table de chevet et un autre près de ta coiffeuse.
( "Mais comment je vais réussir à baiser sous le regards baveux de cette horreur ?")
- Je vais faire des cauchemars !
- J'en fais déjà. C'est pour ça. J'avais besoin d'un week-end loin de la folie canine de ta mère. Je ne sais plus quoi faire.
- Pauvre Papounet. Je te promets je réfléchirais à quelque chose.

Ben j'ai toujours pas trouvé.
Calixte est à sec niveau idée lui aussi et Père vient de me téléphoner, il revient à Paris ce week-end.
Ça devient agaçant.

4 commentaires:

Ant. a dit…

Mais enfin, qu'attendez-vous pour offrir un autre animal de compagnie à Madame votre mère ? Je ne sais pas, moi... un poisson rouge, une gerbille, un petit Birman, quelque chose qui ne mange pas trop et qui ne salit pas partout.
Je vous ai connue plus imaginative, Chère. C'est la douceur estivale qui vous ramollit, ou mon absence prolongée ?

Al John a dit…

Et lui dire clairement qu'il ne faut pas de ça dans la maison à trop grosse dose ? c'est pas possible ?

Framboise a dit…

Ant : Elle veut pas, elle vénère Kelly.

Commandcome : allez y, je vous regarde faire. Brrr.

Anonyme a dit…

Et une autre saucisse sur pattes, même race, même age, même couleur ?

on le fait bien pour les hamsters ...

.mad.