15 juin 2009

Il y a quelque chose de pourri au royaume de Framboise

Jamais le téléphone n'avait autant sonné en si peu de temps (sauf le fixe quand il s'agit de me proposer avec l'accent roumain un somptueux canapé en cuir ou de "délicieux" vins de Bordeaux). En moins d'une heure, j'aurai eu en ligne les deux Hurtebise et Clément. Ce dernier étant assez furieux d'avoir du attendre que je finisse ma conversation avec Framboise.

Et quelle était la cause de toute cette agitation me demanderez-vous.

Si vous passez régulièrement ici, vous n'avez pas pu la manquer. En plus d'être en détresse intellectuelle comme on peut être en détresse respiratoire et résolument indiscrète, il semblerait que la charmante Griotte devienne vraiment embarrassante.
Sa colocataire (et éditrice involontaire) m'a donc fourni les codes pour que je mette fin à l'odieuse occupation de ce blog auparavant connu pour son bon goût (…). J'ai vécu cette mission comme un adoubement. Les codes du blog de Framboise, c'est un peu comme si Cl'm me filait la télécommande de sa Bang & Olufsen ou Calixte la clé de la chambre de Baptiste… mettons que je n'ai rien dit.

Si j'avais login, mot de passe et la bénédiction de la tenancière, il restait à récupérer le fameux carnet d'adresses. Et pour cela, je n'avais pas les clés. De l'appartement, bien sûr.

La première phase des opérations a consisté à récupérer la coupable chez JPG et de mesurer l'ampleur du phénomène auquel j'allais devoir me frotter (au sens figuré, j'y tiens).
Cette visite m'aura au moins permis de croiser par hasard le maître des lieux et de causer un peu avec lui, ce que je n'avais plus fait depuis longtemps. Pendant toute la conversation, Griotte nous a tourné autour avec un sourire tellement forcé que j'ai craint un instant que ce ne soit qu'une diversion et qu'elle projette en réalité de nous manger.

Parlons-en de nourriture, d'ailleurs. L'appartement de Framboise et Griotte était une véritable fresque dédiée à la nourriture. Mais résolument de le style de Jackson Pollock.
A dire vrai, le foutoir était littéralement indescriptible. Des cartons à pizza s'étalaient partout. Mais alors, absolument partout. Certains encore pleins de leur commande encore à peu près intacte (tout dépendant du laps de temps écoulé), d'autres d'une fouletitude d'objets variés dont une espèce de cône vibrant à deux tentacules dont je ne suis pas parvenu à définir l'utilité. Dans la cuisine, des giclées aux tons variés laissaient à supposer que l'ouvre-boîte électrique était épileptique, une tarte au citron vert traînait dans l'évier, un hamburger tentait de se faire la malle par la fenêtre et, clou du spectacle, un furet tout hérissé se disputait avec une boîte de ravioli à laquelle il crachotait des insultes avant de l'attaquer à coups de dents.
Je ne pouvais pas laisser les lieux en l'état. J'ai donc décidé de reporter mon départ. Il suffisait d'ici là d'empêcher Griotte d'approcher le portable ou l'ordinateur qui disparaissait sous un monceau de photos de Zac Efron marquées "miam miam".

Le lendemain, après avoir repoussé les avances éthyliques de la proprio du furet (qui est quand même bien plus sympa que sa maîtresse), j'annonçais à l'écervelée une bonne séance de ménage. Ca aurait été trop bête de venir en mission pour laisser Framboise l'étrangler avec les lanière des Jimmy Cho qui avaient vraisemblablement servi à casser du chocolat sur la table de salon.
La réaction a été quasiment instantanée. Griotte est allée s'enfermer dans les toilettes en prétextant un besoin urgent, ce qui m'a laissé toutes latitudes pour remettre de l'ordre, en commençant par les endroits les plus "net".

Mais voyez vous, j'avais quand même des remords à l'idée de priver cette pauvre idiote de son jouet sans préavis.
Je lui ai donc proposé de préparer des macarons. Elle a manifesté un semblant d'enthousiasme pour la première fois depuis la veille.

Malheureusement, comme on pouvait s'y attendre, les choses ont tourné en eau de boudin au moment de prendre la température du sirop de sucre. Griotte s'est emparée du thermomètre de l'armoire à pharmacie, une charmante antiquité au mercure, et l'a plongé dans le liquide très très chaud. L'instrument a explosé, évidemment, mais Griotte ne s'est pas démontée et m'a expliqué avec un aplomb qui confinait à la condescendance qu'elle était bien assez maligne pour récupérer les bouts de verre.
A ce stade, je l'aurais bien laissé terminer ses pâtisseries au mercure. Mais je craignais qu'elle n'en donne à son petit animal. Et il ne méritait vraiment pas ça.

En bref le ménage est fait et les codes changés. Framboise rentre dans un jour ou deux. D'ici là ça devrait être plutôt calme.



Votre dévoué Graphopathe

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