Les deux passions de mon amie Phryne sont mon frère et les poupées Barbie d'époque. Que mon frangin déchaîne les passions, je peux aisément le comprendre. Les barbies, moins.
- Pffffff.
- Mais d'habitude tu adores aller chez Colette, a protesté Phryne en m'entendant soupirer pour la septième fois depuis que nous avions franchi le seuil de mon magasin préféré.
- Oui, mais tu comprends, Colette c'est idéal pour vider les comptes en banque de mes amants en période de déprime. C'est de la shopping therapy tu comprends. Mais y aller pour voir un tas de Barbies, sous prétexte que ce bout de plastique fête ses 50 ans. C'est à la limite du complexe Freudien.
Phryne a religieusement déposé dans son panier un coffret ultimate barbie limited edition et m'a regardé de ses grands yeux bleus de poupée de porcelaine.
- Complexe Freudien ? Qu'entends-tu par cette expression ?
- J'en sais rien, j'ai grogné Mais ça sonne bien. Tu comprends, quand j'étais petite Calixte a détruit presque toutes mes barbies.
Phryne s'est un peu raidie et a détourné le regard. Je ne sais pas si c'est en entendant le prénom de mon frère, si c'est parce que j'osais mentionner la destruction d'un objet vénéré ou si c'est parce qu'elle a remarqué que j'étais en train de vérifier si une réédition de barbie vintage avait une petite culotte sous sa jupe très 70's.
- Et j’en avais plein à cette époque là, des Barbies, j’ai ajouté, pour ôter la gêne qui s'installait lentement.
- Tu en avais des rares ? a murmuré Phryne, une moue gourmande se dessinant sur ses lèvres ourlées.
J'ai haussé les épaules. C'était donc ça. Ces collectionneurs…
- Non pas spécialement, il y avait juste une Barbie gymnaste que j'aimais bien avec ses articulations en plus. C'était pratique pour la nuit de noce quand je jouais au mariage de Barbie.
- Et qu'est ce qu'elle est devenue ?
- Calixte l'a démontée pour faire une Barbie sirène.
- Je te demande pardon ?
- Il l'a coupée en deux et a scotché le buste à une demie-sardine, et il a posé le tout sous une cloche à fromage. Elle a été servie pendant un repas très important pour les affaires de Père. Et bien sûr il a dit que c'était moi. Quand je te dis que les Barbie, ça ne m'inspire vraiment pas...
Phryne a masqué une grimace de dégout en se plongeant dans l'examen d'un lit à baldaquin format de poche, sûrement le modèle pour Barbie Princesse Célibattante et puis elle n'a pas pu s'en empêcher.
- Mais puisqu’on parle de lui, tu as des nouvelles de Calixte ? Il ne répond jamais à mes invitations. Je sais qu'il est très occupé, ce n'est pas très grave mais je ne l'ai pas vu depuis si longtemps. Son...
J'ai fait les gros yeux. Elle s’est reprise.
-...Ton ami habite toujours chez lui ?
- Hélas oui. Je fais ce que je peux pourtant. J'y mets tout mon cœur et tout mon corps pour les séparer ces deux là. Mais Calixte m'a toujours piqué mes jouets, et Baptiste ne fait pas exception. Il s'en moque que je l'aime. Tiens, c'est comme quand il a coupé les cheveux de ma Barbie Princesse. C'était ma préférée pour toujours, je n’arrêtais pas de lui dire : Non ! Calixte non ! Je vais le dire à Mère ! Mais quand il veut quelque chose… Quel égoïste !
- Disons simplement qu'il sait ce qu'il veut, a tempéré Phryne du bout des lèvres, il était encore jeune n'est-ce pas ?
J'ai haussé les épaules. Il avait 15 ans.
J'aime mon frère, mais je sais voir ses défauts, surtout quand le défaut en question consiste à me piquer la place qui me revient de droit sur le vit de l'homme de ma vie. Phryne, elle l'aime à l'infini, elle lui trouvera toujours des excuses. Et ça fait presque 5 ans qu'il l'a laissé tomber. C'est pathétique parfois.
J'ai attrapé une robe de mariée Barbie et je l'ai posée sur mon décolleté.
- Tu crois qu'elle m'irait ? En coupant le bas bien sûr, ça ferait un bustier minirobe sympa.
- Depuis quand aimes-tu les collections de Lagerfeld ? Ça ne va vraiment pas...
J'ai reposé la robe avec un soupir.
- Mais que faisait Calixte avec tes Barbies au juste ? M'a soudain demandé Phryne. Il ne les a pas toutes détruites quand même ?
- Ah si, quand il ne leur coupait pas les cheveux il les posait dans la cheminée. Ou il faisait des Barbies fusées. Et avec les ken… Il ne les abîmait pas, mais il jouait avec et après j’avais plus trop envie d’y toucher.
- Il les faisait jouer avec ses GI Joe et te les rendait sale ? m’a demandé Phryne avec un air affolé. Salir une Barbie, pour elle, c’est quasiment un péché mortel.
Les mots m’ont manqués, alors j'ai saisi un Ken blond aux cheveux long et un Ken brun aux cheveux courts et j'ai mimé.
- Non. Il faisait plutôt ça : Han han ! Han han ! Comme quoi, ça devait déjà le titiller un peu… han han ! Remarque, c’est vrai que c’est marrant. Haaaan…
C'est à peu près à ce moment là qu'un gentil vendeur est venu me demander d’arrêter de me frotter les fesses contre les présentoirs, de prendre mes deux poupées et de passer en caisse avec et rapidement s'il vous plait, nous avons déjà deux plaintes de mamans.
J'ai payé les poupées et on est sorties, bien entourées de vigiles. J'ai voulu les refiler à Phryne mais elle les avait déjà et de toute manière elle était tellement honteuse et confuse de s'être faite éjectée de chez Colette qu'elle est partie à petits pas pressés, sans même penser à me dire au revoir. Si elle savait combien de fois ce même vendeur m'a mise dehors… je sais même son petit nom : c'est Simon.
Au moins, ma séance de torture avait été écourtée. Je suis rentrée chez moi et je me suis assise sur le sofa, une poupée sur chacune de mes cuisses dénudées. Griotte n'était pas encore rentrée.
- N'empêche, ais-je murmuré en caressant distraitement l'entrejambe inexistante du ken blond. Qu'est ce qu'il lui trouve de plus que moi ?
8 commentaires:
Framboise, ma pauvre chère âme...
J'étais hier chez votre frère pour un service qu'il avait à me demander (et vous avez raison, qu'est-ce qu'il est beau votre Baptiste) et je l'ai trouvé vraiment très très fâché contre vous et vos allusions aux poupées.
Beaucoup plus que la fois où vous lui avez ébouillanté l'entrejambe avec la verseuse parce que vous ne teniez pas bien sur vos derniers Blahnik.
Ne pourriez-vous, pour la tranquilité d'esprit de chacun, non pas faire la paix (j'imagine que ça ne sied guère à votre tempérament), mais au moins signer un pacte de non-agression ?
Je vous en conjure.
En fait, mon Adorable, j'en discutait avec Griotte hier, et elle m'a dit :
"On a qu'à faire un grand repas avec tout le monde, et on en parlera! Et je montrerai le nouveau collier de Poupoune"
J'ai trouvé l'idée assez bonne (sauf le truc du collier, on s'en moque)
Si vous pouviez demander à Calixte ce qu'il en pense. Je crois qu'il a changé de numéro et il a "oublié" de me le donne et il doit être trop "occupé" pour répondre à ses mails.
Framboise, êtes vous frivole !
Relisez-vous ma petite méduse, vous menacez votre pauvre frère (qui dort visiblement très peu et dans un lit fort chiffonné ces dernier temps) de raconter ce qui c'est passé "ce" soir là. C'est surestimer très largement mes facultés mentales (et ça ça m'étonne de vous) de croire que j'ai eu la prescience de deviner que "ça" s'était passé après le coucher du soleil.
Quant à tenir le récit de la bouche de Calixte, il m'a expliqué qu'il serait obligé de me supprimer s'il venait un jour à me mettre au parfum. Tout ce que je sais, c'est qu'il vous faudrait une solide dose de mauvaise foi pour raconter l'événement sans vous couvrir aussi de ridicule. Mais comme vous n'en manquez pas. Je suis tout ouïe.
Et arrêtez d'utiliser les images trop sexuellement explicites sur ce qui se passe dans l'appart de votre frangin, vous excitez inutilement Gabriel ^__^.
Je ne relèverai même pas tes insinuations grotesques.
J'ai juste un truc à te faire méditer.
Baptiste, ton Baptiste...
Il est fauché, ratissé, tondu, plumé. C'est pour ça qu'il vit chez moi.
Alors ?
Framboise, chère et tendre amie,
Vous aviez perdu vos dildos, pour vous rabattre sur des Kens ?
Par ailleurs, votre amie helleno-ardennaise m'a parlé d'histoire avec votre langue, mais je n'ai pas tout très bien compris, c'était assez confus (et j'étais moi-même dans un état second). Apportez-moi quelques lumières, je vous en serais très reconnaissant. (et vous savez comment je peux être reconnaissant). Bien à vous.
Cl'm : Vous parlez trop. Je vous rappelle que vous n'êtes pas le bienvenue dans mes commentaires.
En ce qui concerne le ridicule, j'ai atteint le point culminant le jour où mon propre frère m'a volé mon petit ami.
oh, et appelez moi encore votre méduse et je vous fait avaler un calamar vivant.
Non mais !
Calixte : Oui bon. ok.
Et la faute à qui si le pauvret est tout désargenté ? J'avais à peine entamé son pécule quand tu me l'a piqué.
Il pourrait vivre chez toi et coucher avec moi.
Antoine : Je suis toute tourneboulée en ce moment, je ne sais plus ce que je fais.
Quant à notre "amie" commune elle essayait sans doute de vous transmettre mes salutations ainsi qu'une invitation à remettre ça. Mais je vais plutôt vous envoyer un mail. :)
C'est toujours un plaisir de vous lire, très chère.
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