10 mars 2010

Framboise en lady rouge jusqu'au bout des seins

Vêtue de sa seule petite culotte noire qui lui faisait comme un bandeau sur les reins, ma frangine s'égosillait en se déhanchant comme une forcenée.

-"The eyes of Ma-hars, the e-heyes of Maaaaaaaaaaaars !!!"
Je la regardai onduler un moment avant de saisir la télécommande et de faire taire à la fois l'égérie et son ersatz.
Framboise s'immobilisa une seconde avant de se retourner, l'air circonspect. L'expression sur son visage hésita entre le soulagement et la surprise en me découvrant.
J'imagine qu'il eut été comp
romettant pour elle de se faire surprendre par sa duègne de colocataire alors qu'elle s'exhibait de manière aussi débridée.

-"Calixte chou ! Qu'est ce comment tu fais entré ici ?" Me demanda-t-elle, un peu confuse dans son discours.
-"Je suis en déplacement avec mon boss pour la journée, si tu veux savoir. Et pour le code, j'ai essayé le truc que j'ai retrouvé griffonné sur mes fesses au lendemain du réveillon. Je l'avais noté au cas où ça pourrait servir. Quand est-ce que tu as fait ça ?"
Elle haussa les épaules pour toute réponse et vint m'embrasser.

-"C'est gentil de venir me voir, frangin chéri." Me susurra-t-elle. "On fait quoi ?"
-"Si je suis venu c'est parce que j'ai un truc à te demander." Repondis-je avant de m'interrompre. "Qu'est-ce que tu portes sur le bout des seins ?" Sans attendre sa réaction j'effleurai un mamelon du doigt. Il était couvert d'une substance grasse et vivement colorée.
-"Juste du rouge à lèvres." Répondit-elle en souriant innocemment (si vous pouvez l'imaginer faire ça). "Alors, tu voulais quoi ?"
-"Je suis sans blog fixe en ce moment et ça ne m'amuse pas de ne pas exister sur le net."
Je lui tendais une perche énorme pour qu'elle fasse sa maligne.
-"Tu as supprimé tes quinze profils de rencontres ?"
-"Ricane, bécasse. J'ai envie de pouvoir m'exprimer tel que je suis réellement. Ca te dirait pas un coloc de blog ?"

Elle darda sur moi un regard tellement calculateur que je pouvais entendre les circuits intégrés grésiller à l'intérieur de sa petite cervelle.

-"Pour ça, il va falloir que tu m'expliques l'embrouille de la semaine passée alors, Tex d'amour." Ricana-t-elle avant de s'installer dans un canapé et de tapoter l'emplacement à côté d'elle pour m'inviter à m'y asseoir.
Je m'exécutai et entamai mon récit.
-"Clément a reçu un mail auquel il n'a rien compris."
-"Oui, ça j'ai lu."
-"Alors j'ai mis des commentaires marrants à la suite du billet qu'il a publié pour mettre un peu de fun dans cette prose par ailleurs fort niaise."
-"Mmmmmh, marrants, ouais, et ?"
-"Ben, Gabriel n'a pas aimé." Framboise fronça les sourcil, je ne sais pas si elle voulait ressembler à Dita Von Teese où me faire savoir qu'elle déteste que j'asticote son Graphopathe, mais je ne pris pas le temps de lui demander de préciser ses intentions.
"Le violoniste a ramené sa fraise. Il était en Finlande et il me menaçait de me faire des trucs pas catholiques, enfin… orthodoxes parce que… Bref ! Tu crois qu'il peut donner des concerts pour autre chose que pour des phoques ce type ? La dernier fois il était à Copenhague."
-"Tu as dit – bref ! –" me rappela Framboise d'un air impatient.
-"Oui, bon ! Comme j'étais un peu échauffé et que Clément a pas été sympa en prenant parti pour Gabriel, j'ai décidé d'organiser un putsch et de tenir le blog à moi tout seul pendant une semaine ou deux pour leur montrer de quoi j'étais capable. J'ai demandé à Estèphe de me pirater un peu le site."
-"Estèphe ?" M'interrompit Framboise. "C'était vraiment raisonnable, ça tu crois ?"
Je haussai les épaules.
-"Il est un peu down depuis que son barbare s'est fait rétamer la gueule, donc il joue plus trop en ligne. Et puis il se débrouille pas mal pour craquer des codes quand il veut. Je lui avais juste demandé d'ôter les privilèges d'administrateur à Cl'm et Gab' pour que je puisse prendre le contrôle tout seul."
-"Mais ça tu peux le faire toi-même sans avoir à demander de l'aide. Même moi je peux y arriver." Me coupa une fois de plus ma sœur qui commençait sérieusement à me courir avec ses remarques impertinentes.
-"Ben j'ai voulu faire les choses en grand. Le bug c'est qu'Estèphe a pas percuté et qu'il a écrasé les compte Google des deux autres."
-"Holy fuck !" S'écria Framboise en ouvrant les yeux tout grands. "Il a bazardé les boîtes mail, les albums photo et je ne sais quoi d'autre qui devait être rattaché à leur adresse alors ?"
-"Et notre blog en même temps que l'adresse de Clément, évidemment. Donc j'ai plus de site ou écrire."
-"Ils doivent t'en vouloir grave genre méga." Remarqua ma frangine en retenant très mal son envie de glousser. "Quel boulet ton cousin quand même."
-"C'est le tien aussi je te rappelle. Pour l'instant, j'ai pas trop de retour. Mais ce qui est sûr, c'est qu'avant de passer ici, j'ai fait un tour par l'appart d'Estèphe et j'ai crevé les pneus de sa mini."
Le sourire de Framboise s'élargit encore un peu plus.
-"Estèphe il roule en Smart, si la mini était bleu roi, c'est celle de la tante Aliénor. Et si c'est le cas, tous aux abris, elle est en visite à Paris et tu lui as vandalisé sa voiture."
Je soupirai. Rien n'allait donc m'être épargné.

-"Bon, ce qui est fait est fait. On va pas revenir là dessus. J'espère qu'elle aura oublié l'incident pour les prochaines étrennes. Alors, tu m'invites sur ton blog oui ou non ?"
Framboise se tripotait consciencieusement le nichon d'un index qu'elle me glissa ensuite dans la bouche. Le rouge à lèvres avait un goût de fruit assorti à son prénom.
-"Tu aimes le parfum ? Je trouves que ça rend mes seins plus alléchants."
-"Mmmmmhhmm." Répondis-je en dodelinant de la tête pour lui faire comprendre que j'avais d'autres soucis en tête.
Ma soeur me contemplait d'un regard qui m'annonçait que j'allais bientôt devoir passer à la caisse.
-"Tu m'offres quoi pour que je te laisse faire ça ?" S'enquit-elle d'un air mutin.
-"Qu'est-ce que tu veux ?" Demandais-je convaincu que marchander avec une créature de sa trempe n'aurait pour effet que de me faire perdre du temps.
Sans rien dire, elle attrapa la télécommande et tourna vers moi son petit visage rayonnant tandis que Marion Cotillard reprenait avec conviction et que l'avenir s'annonçait
en crocodile rouge.


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